Petits débrouillards, grandes idées
En 2020, l’antenne francilienne des Petits débrouillards posait ses mallettes pédagogiques à Mozinor. C’est désormais à l’ombre de la fameuse « soucoupe », point culminant de la terrasse du complexe industriel, que l’association d’éducation populaire imagine ses futures interventions autour de 3 axes majeurs : la transition écologique, le numérique et le vivre ensemble.
Les Petits débrouillards n’ont pas attendu que le mot « infox » fasse son entrée dans le dictionnaire en 2018 pour investir, entre autres, le champ de l’esprit critique. Voilà déjà 35 ans que l’association française d’éducation populaire lutte contre le prêt-à-penser et pour la promotion de la culture scientifique et générale. Extrapolés d’une initiative montréalaise née à la fin des années 70, les Petits débrouillards utilisent la démarche expérimentale comme levier d’émancipation des jeunes et des moins jeunes. Et si le mouvement québécois concentrait son action sur des expérimentations en physique et en chimie, son homologue français a élargi le champ des possibles en s’intéressant aux sciences sociales.
Cécile Poletti, directrice de l’antenne francilienne des « Petits déb’ » et ancienne de La Cimade (association d’aide aux migrants), évoque un « projet politique au sens noble du terme ». « Alors que le Québec était sur une dynamique de loisir scientifique, ici nous envisageons les sciences comme un élément structurant du social, de la pensée et de la vie de tous les jours. » explique la jeune femme. « Les sciences ne sont pas l’apanage des scientifiques ; elles sont dévolues à toutes et tous parce qu’elles contribuent à une meilleure compréhension du monde qui nous entoure » complète Méliana Lalouani, chargée de projet et responsable du secteur Montreuil.
Fort ancrage territorial
L’implantation des Petits débrouillards au cœur de la Seine-Saint-Denis ne doit rien au hasard. Après son départ des Grands Voisins (friche culturelle installée dans l’ancien hôpital Saint-Vincent-de-Paul à Paris et fermée en 2020), l’association a engagé la discussion avec la ville de Montreuil. « Nous partagions une certaine vision avec la municipalité, très engagée sur les questions du numérique, de la transition énergétique et du vivre ensemble », raconte Cécile Poletti, très attachée à assurer aux « Petits Deb’ » un ancrage territorial qui fait sens.
Mozinor s’est alors imposé comme une évidence – « une opportunité exceptionnelle » –, après avoir un temps évoqué des locaux du côté des murs à pêches.
Edgar et Georgette
Outre le bénéfice de l’ensoleillement et de la vue panoramique propre au dernier niveau de l’hôtel industriel, Mozinor offre aussi un espace de stationnement bienvenu pour Edgar (le camtar) et Georgette (la camionnette). Ces deux figures emblématiques des Petits débrouillards sillonnent l’Île-de-France pour répondre aux demandes d’animation d’écoles primaires, de collèges ou encore de centres sociaux ou d’hébergement. Les thématiques abordées par les animateurs sont très variées et souvent inspirées par l’actualité : virologie en pleine crise du Covid, qualité de l’air lors de la publication du rapport du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), éducation aux médias et aux réseaux sociaux lors de l’élection présidentielle… Ainsi les JO de Paris verront probablement le déploiement de mallettes pédagogiques sur le vivre-ensemble, l’obésité, le corps ou encore la lutte contre la sédentarité.
Nomadisme
Edgar et Georgette sont également mis à contribution pour des animations en pied d’immeuble. Considérant l’accès à la culture comme un droit fondamental, les Petits débrouillards, nomades dans l’âme, ont aussi vocation à amener le savoir et l’expérimentation dans les quartiers prioritaires qui peuvent être assez isolés pour « créer du lien social et valoriser les lieux où vivent les gens ». Il ne s’agit jamais de chercher à convaincre son auditoire en lui assénant une vérité toute faite, mais toujours de nourrir le débat en laissant à chacun le soin de se faire sa propre opinion sur les questions – malheureusement nombreuses en 2022 – qui animent notre société. Salvateur !