Studio 18 : servi sur un plateau
Une année durant, le lot 18 a fait sa mue pour devenir le Studio 18, un plateau de tournage et de shooting photo d’une superficie que seul offre Mozinor à quelques encablures de Paris. Fidèle à la philosophie de son fondateur – déjà à l’initiative de l’Atelier 20.12 de réalisation de décors – le Studio 18 rejette tout esprit de chapelle et entend bien faire rayonner sur ses 600 m² l’expression visuelle, culturelle et artistique dans toute sa diversité.
Rénové du sol au plafond, le lot 18 – appelez-le désormais « Studio 18 » – est méconnaissable. Difficile d’imaginer qu’il servait, il y a quelques mois à peine, à stocker du tissu. Pour un investissement de « quelques milliers d’euros » sous-estime en plaisantant Patrick Bouchy, à l’initiative de l’atelier 20.12, créé en 2012, puis du Studio 18 dans le lot 18 – « pour les noms, nous sommes plutôt pragmatiques » -, l’ancien local a connu une profonde métamorphose. En attendant d’accueillir son premier tournage, il est encore habité par cette odeur caractéristique de flambant neuf à laquelle n’est pas étrangère l’application d’une résine au sol en remplacement de l’ancien goudron. Ses murs, récupérés brut, ont été repeints en noir et de grands rideaux, noirs également, dessinent le pourtour de la pièce. Montés sur patiences – entendez sur rails -, ils permettent de créer une véritable boîte noire pour qui souhaiterait travailler en lumière artificielle. La mise aux normes de l’électricité a été calibrée dans ce sens (96 kilovoltampères de puissance). Mais rien n’interdit, bien sûr, de shooter en lumière naturelle qui – une fois les rideaux tirés – inonde le plateau en cheminant à travers les alignements de fenêtres au dessin si caractéristique de Mozinor. La possibilité de moduler ainsi la lumière, mais aussi l’espace grâce à des cloisonnements mobiles, est un des arguments qui a plaidé en faveur de l’implantation du Studio 18 dans le fameux bâtiment, dessiné par Claude Le Goas, aujourd’hui auréolé du label Architecture contemporaine remarquable. Très attachés au lieu, Patrick Bouchy et ses équipes reconnaissent volontiers le caractère visionnaire de l’architecte. « C’était assez précurseur de concevoir une zone industrielle verticale plutôt que de répandre du béton partout pour construire toutes ces zones industrielles, en périphérie des villes, aussi moches qu’impraticables ».
L’aubaine Mozinor
L’homme connaît Mozinor comme sa poche pour en avoir exploré bien des recoins. Même ses espaces de stationnement ont un temps servi la créativité de l’atelier 20.12 dont les décors subliment les produits de marques de 1er plan tels Hermès, Louis Vuiton ou Cartier : « À nos débuts, nous construisions des décors ou peignions des toiles sur le parking faute d’espace. La Semimo1 nous a accompagnés pour qu’on s’agrandisse. Nous avons alors investi le lot voisin. » Autre atout de Mozinor, sa fameuse double rampe hélicoïdale intérieure qui permet aux poids lourds de charger et décharger au pied de chaque lot sans jamais se croiser. « C’est une aubaine pour nous qui travaillons sur des matériaux très fragiles. Ça nous permet à la fois de limiter les manutentions, mais aussi de rester à l’abri des intempéries et des regards indiscrets afin de respecter les exigences de confidentialité des marques pour lesquelles nous fabriquons des décors » indique le fondateur de 20.12. Certains passeront d’ailleurs directement des locaux de l’Atelier 20.12 au Studio 18 pour être photographiés et/ou filmés. « Le succès des réseaux sociaux provoque une explosion de la demande pour des supports vidéo. Avec la saturation des studios parisiens, l’idée de créer le Studio 18 nous est apparue comme une évidence et un prolongement naturel de notre activité de création de décors » indique l’administratrice Victoire Perrier. Ce qui ne signifie pas que l’usage du Studio 18 sera l’apanage de l’Atelier 20.12. Patrick Bouchy l’envisage surtout comme un lieu ouvert à toutes les expressions visuelles. L’homme qui n’est pas à un rêve près imagine même Mozinor devenir une « mini-cité du cinéma avec la possibilité d’exploiter son jardin en terrasse et cette magnifique allée de tilleuls pour des tournages en extérieur ». Qui sait si Isabelle Huppert, Omar Sy ou Leonardo DiCaprio ne fouleront pas un jour le sol montreuillois ?
- aujourd’hui « Résilience et innovation » ↩︎